DPE : Ce que Bayrou vient d’annoncer
Le 9 juillet 2025, François Bayrou, Premier ministre, a officialisé une évolution attendue du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) : le coefficient d’énergie primaire (CEP) de l’électricité sera abaissé de 2,3 à 1,9 à compter du 1er janvier 2026.
Ce paramètre est fondamental dans le calcul de la performance énergétique : il traduit la quantité d’énergie primaire nécessaire pour produire de l’électricité consommable.
👉 Jusqu’ici, 1 kWh électrique comptait pour 2,3 kWh d’énergie primaire, contre 1,9 kWh à partir de 2026.
Pourquoi baisser ce coefficient maintenant ?
Cette réforme répond à deux objectifs majeurs du gouvernement :
Mieux refléter la réalité du mix électrique français, largement décarboné grâce à l’électricité nucléaire et aux énergies renouvelables.
Corriger une forme d’injustice énergétique, qui pénalisait les logements chauffés à l’électricité dans le calcul du DPE, y compris après rénovation.
« Cette évolution permettra de corriger une inégalité de traitement pénalisant les logements chauffés à l’électricité », a indiqué Matignon.
Une consultation publique est prévue avant la publication officielle de l’arrêté au Journal Officiel, attendue pour septembre 2025.
850 000 logements sortiront de la catégorie “passoire thermique”
Les conséquences seront immédiates : selon les estimations du gouvernement, 850 000 logements actuellement classés F ou G passeront automatiquement en E ou D.
Les logements concernés :
Chauffés à l’électricité (convecteurs, radiateurs, pompes à chaleur)
Souvent rénovés mais encore mal classés
Majoritairement en copropriétés construites entre 1948 et 1990
Cela représente une réduction de 15 à 20 % du nombre de passoires thermiques en France… sans intervention physique sur les bâtiments.
Un impact fort sur les obligations réglementaires
Ce reclassement aura plusieurs effets en cascade sur les politiques publiques et les obligations des bailleurs :
1. Interdictions de location évitées
Les logements classés G sont interdits à la location dès 2025
Les F le seront à partir de 2028
👉 Passer à E ou D = maintien en location possible
2. Dispense d’audit énergétique
La vente d’un bien classé F ou G impose un audit énergétique
Si le logement passe à E, cette obligation tombe
3. Accès plus large à certaines aides
Certaines aides (MaPrimeRénov’, certificats d’économie d’énergie) sont conditionnées à la classe DPE
Un changement qui soulève aussi des interrogations
Malgré les effets positifs immédiats, cette réforme relance le débat sur la fiabilité et la stabilité du DPE comme outil de pilotage.
1. Un outil de plus en plus instable ?
Depuis 2021, le DPE a connu :
une réforme complète de méthode,
une suspension temporaire pour les petites surfaces,
une correction des seuils,
et maintenant une révision du coefficient électrique.
Cela rend son interprétation difficile pour les propriétaires, les acheteurs… et même les professionnels.
2. Des diagnostics rapidement obsolètes
Un DPE réalisé en décembre 2025 pourrait être obsolète un mois plus tard.
Faudra-t-il refaire les DPE des logements concernés ?
Comment harmoniser les audits, les aides, les obligations, avec un outil qui change aussi souvent ?
3. Le risque de retarder des rénovations utiles
Une note D ou E ne signifie pas qu’un logement est performant :
certains logements resteront coûteux à chauffer,
inconfortables pour les occupants,
et inefficaces à long terme si l’on vise la neutralité carbone.
Que faire face à cette réforme ?
Si vous êtes bailleur ou syndic :
Vérifiez les DPE de votre parc → certains biens peuvent être reclassés automatiquement
Mais ne stoppez pas pour autant vos réflexions sur la performance globale
Un DPE plus favorable ne dispense ni d’un plan de travaux, ni d’une vision long terme
Si vous gérez un patrimoine tertiaire :
Le DPE reste un indicateur, mais le décret tertiaire, le DPE collectif, ou le PPT, sont des outils plus pertinents pour piloter les investissements
Ce que peut faire Greenta
Chez Greenta, nous aidons nos clients à :
Relire les DPE et évaluer les reclassements potentiels
Croiser les obligations réglementaires (DPE, décret tertiaire, PPT…)
Construire des trajectoires énergétiques cohérentes et actionnables
Piloter les audits, les plans de travaux et les demandes de subventions
La réforme Bayrou est une opportunité. Mais seul un cap solide permet de s’y retrouver dans la tempête réglementaire.
Besoin d’un point clair sur votre parc immobilier ou votre stratégie énergétique ?
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